Le Temple des Oiseaux

Compte-rendu de partie de la Clé des Nuages

Partie jouée le 21/11/2020

Mage : Milloupe

Image : Psum

Clés : Le couple/la paire ; les oiseaux

Quête : Savoir qui je suis/d’où je viens

Talisman : Un tatouage/une marque de naissance couvrant tout mon avant-bras gauche

Artefact : Une montre

Mage : J’ai l’apparence de quelqu’un d’assez âgé. Mon genre n’a pas d’importance. Je porte des vêtements de voyage, des bottes solides, un pantalon chaud, je suis enveloppé·e dans une pèlerine. Toutefois, ma tunique est à manches courtes, laissant voir sur mon bras gauche un grand tatouage comprenant de nombreux symboles abstraits, à l’encre noire. Il me rappelle ma quête. Je porte une besace sur le dos, contenant diverses choses et notamment une montre, dont je me sers pour ma magie.

J’ai voyagé depuis loin, à l’est, en suivant les directions des personnes à qui j’ai demandé où je pouvais trouver les réponses à mes questions. De village en village et de contrée en contrée, j’arrive enfin au lieu qui m’a été indiqué.

Image : À quel lieu t’attends-tu ?

M : Je m’attends à un temple, un sanctuaire…un lieu de recueillement qui a peut-être attiré beaucoup de personnes, autrefois, mais qui a été abandonné depuis et où la nature reprend ses droits.

I : Tu traverses donc de grandes plaines enneigées, le blizzard glacé fouettant ton visage et piquant ta peau. Tu arrives alors à l’endroit que tous les villageois que tu as croisés t’ont indiqué, une très grande montagne au sommet de laquelle se tiendrait un temple. Au pied de cette montagne, sur le flanc protégé du vent, se tient une petite maison solitaire. Tu vois de la lumière aux fenêtres, de la fumée sortir de la cheminée. Entre le mur et le dessous du toit, un oiseau, une pie, a fait son nid. Les oiseaux sont la première clé. Quand tu pousses la porte, tu vois un couple de vieilles personnes, l’air bourru et peu bavardes. Le couple est la deuxième clé. Leur intérieur est très simple, ils ont le strict nécessaire, mais une horloge à balancier se tient dans un coin de leur pièce.

M : J’entre dans la pièce en laissant derrière moi les bavardages de la pie. Je parle au couple de ma quête pendant que je me réchauffe comme je peux. Ils me confirment que je suis au bon endroit, tout en m’avertissant : atteindre le temple ne sera pas facile. J’observe leur pendule quelques temps, puis me prépare à partir. Je pousse la porte.

Que t’attends-tu à trouver ? Un chemin sinueux, une grotte, une présence sauvage.

I : Alors que tu commences à gravir la montagne, tu suis des chemins étroits et ardus. Puis tu finis par entrer dans un bois. Tu entends des cris d’oiseaux, qui sonnent comme des avertissements, avant d’arriver près d’une clairière. En son centre se tient un jeune érable, à côté de lui un terrier de lapin. Une liane grimpe au tronc de l’érable en l’enlaçant.

M : Avant de rentrer dans la clairière, je tends ma main gauche vers le ciel et siffle une fois. L’oiseau se pose sur ma main, et je sens mon tatouage me picoter légèrement, d’une sensation qui est familière. Puis il s’envole et je comprends que je peux continuer. J’entre alors dans la clairière. Sortant un couteau de mon sac, je prélève un petit bout d’écorce sur l’érable, que je broie dans ma main. Puis je prends ma montre dans l’autre main, et verse progressivement la poudre d’écorce dessus. Alors je vois l’érable qui commence à grandir, le terrier de lapin réduire, grandir, changer de place. Quand j’ai fini de verser la poudre, l’érable dépasse les arbres environnants. Je me sers de la liane pour grimper jusqu’à son sommet et m’orienter avant de poursuivre.

Que t’attends-tu à voir ? Des constructions humaines.

I : Tu vois depuis ton poste d’observation qu’après le bois, la falaise a été taillée, formée par des mains humaines. En sortant du bois dans cette direction, tu arrives devant une grotte béante, visiblement creusée artificiellement droit dans la falaise. Sur le mur à ta gauche a été gravé une sorte de grille, avec beaucoup de cases comportant des symboles différents. Au plafond, un couple de chauve-souris t’observe.

M : Je me dirige vers les cases gravées sur le mur. J’y vois une sorte de calendrier, et je recherche dans ma mémoire si je peux trouver des symboles qui correspondraient à des événements connus, ou alors à des légendes. Certaines cases comportent des croix, mais je ne parviens pas à y trouver une logique. Puis je regarde mon bras gauche et vois dans mon tatouage un symbole présent sur le mur. La case qui le contient porte une croix. Je me dirige alors vers le fond de la grotte, par-delà le couple de chauve-souris.

Que t’attends-tu à voir ? Une salle contenant un savoir…qui n’est pas directement accessible.

I : Tu avances dans des couloirs toujours plus sombres et étroits, te guidant en caressant le mur de ta main. Puis tu finis par apercevoir dans la paroi comme des cailloux lumineux, peu au début, puis de plus en plus, au point que tu voies suffisamment pour avancer. Ces cailloux sont en forme d’oiseaux. Tu arrives finalement dans un pièce dont les murs sont couverts de ces oiseaux de pierre brillante. Le sol est pavée en cercles concentriques, et au centre se tient une statue. Elle représente le symbole que tu as reconnu sur le calendrier, le symbole que tu as sur ton tatouage. Autour se tiennent quatre autres statues plus petites, ayant des formes différentes. Au fond de la pièce, un escalier.

M : Voyant qu’il ne fait plus sombre, je retire du mur ma main qui me guidait. J’observe ces pierres et constatent qu’elles représentent des oiseaux dans des positions très diverses, certains se reposant, d’autres prenant leur envol. Certaines semblent même agencées pour représenter les différentes étapes de vol d’un oiseau. Puis je me dirige vers le centre de la pièce, vers les statues. Je reconnais le symbole central mais dirige mon attention vers les quatre autres. Je les regarde sous tous les angles, cherchant des compartiments cachés, des pièces mobiles. Je constate que je peux les modifier pour qu’elles aient toutes la même posture. Puis je les tourne toutes vers la statue centrale. Celle-ci se met à briller, comme les pierre-oiseaux qui couvrent les murs. Alors que je m’approche, cette statue me parle, directement dans mon esprit, sans émettre le moindre son. Mais je ne comprends pas ce qu’elle me dit, je ne comprends pas les mots qu’elle utilise. Pourtant, ces syllabes se gravent dans ma mémoire. J’utilise alors ma montre pour fixer ce moment dans le temps, pour pouvoir m’en souvenir si besoin. Puis je monte les escaliers.

Que t’attends-tu à trouver ? Une vue imprenable, et un grand danger.

I : Montant l’escalier avec énergie, tu comprends que tu es en train de traverser la montagne par l’intérieur. Quand tu ressors de l’autre côté, sur un promontoire dominant la plaine, tu es donc du côté exposé au vent. Tu vois, malgré le blizzard, toute cette étendue enneigée que tu as traversée, tous ces villages où tu as demandé ton chemin. Et, sur une chaîne de montagne voisine, deux pics jumeaux se dressent. Puis tu vois au loin qu’un aigle royal, immense, te surveille.

M : J’observe l’aigle en retour, et cherche à lui montrer que je ne suis pas une menace, que je ne représente pas un danger. J’ai le sentiment qu’il me juge. Puis il s’envole et se dirige droit vers moi. Alors j’utilise ma magie pour faire apparaître un aigle en tout point semblable, et le diriger vers celui qui vient à moi. Les deux se rencontrent en l’air, et je fais attention à ce que le mien ne soit jamais agressif ni menaçant. Ils font une sorte de danse aérienne, dessinant de nombreux symboles que je ne reconnais pas, puis repartent, chacun allant se poser sur un des pics jumeaux. Je comprends que j’ai passé une sorte de test. Sentant le blizzard glacé, je crée autour de moi une sorte de bulle qui vient arrêter la neige dans sa chute, avant de reprendre mon ascension.

Que t’attends-tu à trouver ? [Quitte à me répéter], un lieu de recueillement qui a été depuis recouvert par la végétation.

I : Tu gravis un sentier sinueux, dans le blizzard, quand tout à coup tu vois à nouveau de la végétation autour de toi. Une sorte de micro-climat semble protéger le sommet, et tu vois de la mousse et des fougères. Le chemin s’agrandit alors, et après un virage tu arrives au niveau du temple que tu cherches. C’est une toute petite maison en bois. Tu vois des branches dépasser de son toit et de ses fenêtres, comme si un arbre avait poussé à l’intérieur, et est sur le point de faire éclater les murs. De nombreux oiseaux ont fait leur nid dans ces branches et sur la maison. Sur le porche se tiennent deux jeunes filles, en train de faire un jeu avec leurs mains. Elles ont de grandes capes, comme faites en plumes, dont tu n’arrives pas bien à voir la forme de là où tu te tiens.

M : Je m’approche du seuil, dans les bruits des oiseaux, et vois les deux jeune filles arrêter leur jeu et se tenir devant moi. Elles me parlent mais je ne comprends pas ce qu’elles disent. Je me sers de ma montre pour me remémorer ce qu’avait prononcé la statue, et je confirme qu’il s’agit bien de la même langue. Je leur montre alors mon tatouage, et elles arborent un air triste, déçu, mais pas agressif. Puis elles se mettent face à face, se prennent par les mains, et déplient, déploient leurs capes qui sont en réalité des ailes. Elles s’envolent alors parmi les oiseaux, et je pousse la porte de la maison.

Que t’attends-tu à trouver ? Un arbre, et des réponses à mes questions

I : Une fois à l’intérieur, tu vois que les murs de la maison sont plein de zébrures causées par le chêne qui se tient en son centre. Elle semble sur le point de s’effondrer. Devant ce chêne se tiennent deux personnes-oiseaux, plus âgées que les filles de dehors. Sur le diadème de l’une d’eux, le même symbole que tu as trouvé sur ton bras. Ils te parlent, mais tu ne comprends toujours pas ce qu’ils te disent.

M : Je me dirige vers la femme-oiseau portant le même symbole que moi sur son diadème. Elle tend alors la main vers moi, paume vers le ciel, comme demandant quelque chose. Je retire ma montre de ma besace et, renonçant par là à mes pouvoirs et à ma magie, dépose la montre dans sa paume ouverte. Elle me fait alors signe de m’avancer vers l’arbre. Je plaque ma main gauche sur le tronc, et sens mon tatouage s’éveiller, pulser. Puis disparaître, progressivement, comme fondant dans le tronc. Alors qu’une nouvelle branche apparaît sur l’arbre, des ailes poussent dans mon dos.

FIN

Questions en vrac (issues des règles) :

1. Mage, quelle était ta quête ? Comment s’est-elle conclue ? Quelles en ont été les étapes importantes ?

Le Mage cherchait à comprendre d’où il venait, pourquoi il avait cette marque sur son bras depuis sa naissance. Le sens complet de la scène finale est libre (Mil n’avait pas une idée arrêtée en la décrivant), mais il semble que la quête s’achève par une réussite, puisque le Mage devient membre d’une communauté, tout en perdant sa marque. L’étape la plus importante a été de faire un lien entre ce temple et le tatouage qu’il porte. Cela a permis au Mage de savoir qu’il n’était pas là par hasard, et que sa quête pouvait effectivement réussir en ce lieu.

2. Image, qu’en avais-tu compris ? Que croyais-tu saisir qui s’est révélé faux ?

L’Image pensait que la quête était centrée sur le fait de se débarrasser du tatouage, qu’elle pensait être une malédiction. Après discussion, le choix du mot “tatouage” n’était pas le plus juste pour désigner une marque de naissance, mais comme le Mage vivait effectivement son manque d’identité / d’appartenance comme une malédiction, le quiproquo n’a pas été levé de toute la partie, et ne nous a pas gêné du tout.

3. Essayez de dire quel sens les clés revêtent pour vous. Est-ce facile, ou cachent-elles quelque chose d’ineffable ? Leur sens semble-t-il avoir été sujet à une redéfinition au cours de la partie ?

Les oiseaux sont évidemment la clé qui a été la plus maniée et modifiée pendant la partie, puisque toute la quête finit par tourner autour de personnes-oiseaux. Elle s’est donc révélée beaucoup plus forte et profonde que ce que l’Image avait en tête en début de partie.

La clé du couple, quant à elle, aidait à créer des scènes un peu mystérieuses, voire inquiétantes, parce que la symétrie a quelque chose de mystique. Elle posait l’ambiance mais a été peu exploitée scénaristiquement, sauf quand le Mage crée un deuxième aigle, magique, pour qu’ils correspondent aux deux sommets jumeaux.

La clé de la montre, euh…déjà Mil a eu bien du mal à trouver un artefact. Ensuite, comme le tatouage semblait non seulement avoir quelques propriétés magiques, mais surtout portait des symboles liés aux lieux visités, nous avons tou·te·s les deux fini par oublier que la montre était une clé, pour plutôt considérer que c’était le symbole du tatouage, qui était récurrent. Le Mage l’utilise une fois pour une belle scène de magie temporelle avec l’érable, s’en sert comme d’outil pour les paroles de la statue, et a ce geste très fort de sacrifice dans la toute dernière scène, donc l’objet en lui-même n’était pas oublié, mais ce n’était plus vraiment une clé.

4. Les clés permettent-elles de comprendre quelque chose de plus que la simple succession des scènes ?

Les oiseaux, évidemment. Ils sont devenus le fil conducteur de toute l’exploration, pour notre plus grande surprise à tou·te·s les deux !

5. Quel moment avez-vous préféré ? Qu’est-ce qui, au contraire, n’a pas marché ou a révélé une incompréhension mutuelle ?

Psum aime beaucoup la dernière scène parce qu’elle est trop cool (et très belle).

Mil préfère probablement la scène avec les aigles et les pics jumeaux, pour deux raisons :

  • Le moment où l’Image ajoute à la scène les “deux pics jumeaux”, Mil (se prend une bonne claque bien méta) réalise la force des clés comme outil/objet du jeu. D’un seul coup, une scène qui aurait pu être banale devenait magique, mystérieuse, juste parce que cette clé était présente.
  • C’est la seule scène où le Mage ajoute quelque chose à la clé du couple, ce qui était très plaisant.

Pour ce qui n’a pas marché…la clé de la montre ? Mais ça n’a pas gêné, parce que le tatouage compensait largement.

6. Avez-vous eu des problèmes vis-à-vis du partage des responsabilités ? Le Mage osait-il décrire les effets de ses actions, empiétait-il sur les descriptions de l’Image ?

Pour une première partie, ça a été très fluide ! Le Mage n’a jamais vraiment osé rajouter des éléments dans les scènes, et ne faisait qu’interagir avec ceux posés là par l’image…mais d’un autre côté ça a forcé le récit à rester très proche des clés, tout en encourageant vraiment le Mage à chercher des énigmes partout, donc il semblerait que ça n’ait pas gêné.

7. Ressentez-vous les rôles de Mage ou d’Image difficiles à jouer ? Lequel vous convient le mieux, lequel vous semble plus fatigant ?

A priori, le Mage étant plus libre (il ne fait pas que décrire, il agit également), ce rôle semble plus investi. À voir en fonction du match retour !­